Louis Marchand est né en 1669 à Lyon. Les pièces d'orgue de son 1er Livre constituent sa signature tant son style est personnel et ses harmonies audacieuses. Pour ne citer que quelques pièces se situant hors des sentiers battus : le majestueux Plein jeu à 6 voix à double pédale qui ouvre le 1er Livre, l'audacieuse Basse de Trompette qui dialogue malicieusement avec le récit de Cornet de Récit et le Quatuor, un des plus beaux de la production française de la fin du XVIIème et du début du XVIIIème siècles, sont des pièces qui séduisent d'emblée.
Bien qu'initialement non prévue pour un cadre précis -tout comme les Hymnes et les Messes de Grigny ou de Couperin-, la musique de Marchand est là pour servir un art d'improvisation ; seule une dizaine de pièces est expressément destinée au Te Deum. De la rencontre entre Jean-Yves Hameline, Jean-Yves Haymoz et Bernard Coudurier est née l'idée de faire revivre l'oeuvre connue et intégrale de Marchand en l'intégrant à un plain-chant contemporain, celui de Monsieur de La Feillée. En effet, les exemples de La Feillée montrent comment l'histoire du motet français est intimement liée à celle du
plain-chant et de la liturgie. Ainsi, en utilisant l'ensemble des pièces d'orgue de Marchand, Jean-Yves Haymoz a-t-il reconstitué un office -constitué de l'hymne Iste confessor, d'un Magnificat, d'un Motet "Exultate Deo" et de deux répons, Venient et Manus mea"-, une messe -à savoir une Messe musicale du 1er ton, à deux parties et à plusieurs voix récitantes avec les choeurs- et un Te Deum en organisant le choix des versets de manière à ce que les formes musicales, et par conséquent leurs registrations et leurs tonalités, soient en adéquation avec le sens des versets chantés.
En somme, c'est une première qui rend hommage à François de la Feillée et à Louis Marchand, nommé sans concours organiste de la Chapelle Royale en 1708 par Louis XIV.
L'ensemble Alternatim présente certains versets à deux voix organales en contrepoint improvisé, ce qui replace le grégorien dans le contexte tonal du XVIIIème siècle. Jean-Paul Fouchécourt propose une version extrêmement ornée, vraiment étonnante, du Magnificat. Ajoutez à cela les timbres remarquables de l'orgue Isnard de Saint-Maximin, mis en valeur par le jeu tonique et brillant de Bernard Coudurier, et vous aurez un aperçu des richesses de ce coffret.
Une remarquable réalisation qui renouvelle profondément la vision de cette musique.
Répertoire
Basse de trompette, Livre I
Louis MARCHAND : Intégrale de l'oeuvre d'orgue et plain-chant baroque alterné
Bernard Coudurier à l'orgue historique du Couvent Royal de Saint- Maximin
Ensemble Alternatim, Plain-chant baroque alterné, direction Jean-Yves Haymoz
Jean-Paul Fouchécourt, Taille
Helmut Schmitt, Serpent
BNL 112851 A&B
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