Johannes BRAHMS
Intégrale de l'œuvre d'orgue
Orgue Walcker de la Votivkirche à Vienne (Autriche)
Incontestablement, Johann Sebastian Bach a été la source intarissable, voire inépuisable, de nombreux musiciens au 19ème siècle et au-delà. Ainsi, la présumée redécouverte de l'œuvre de Bach par Mendelssohn en 1829, à travers la St. Mathieu et après un oubli de plus d'un demi-siècle, n'est qu'un mythe ! En effet, même après 1750 et bien que ce soit de manière différente, la source continue de couler encore et toujours…
Comme Mendelssohn, Brahms est né à Hambourg. A-t-il connu les musiques des organistes nord-allemands de la fin du XVIIème siècle ? Son Prélude et fugue en la mineur pourrait le laisser penser. Par ailleurs, pour des raisons différentes mais un peu de la même manière, on retrouve chez Brahms cette dichotomie entre l'image paternelle de Bach et celle, féminine et peut-être maternelle, de Clara Schumann... Chez le jeune enfant Bach, on connait également cette déchirure à vie, liée à la perte cruelle de sa mère à l'âge de neuf ans et à celle de son père, dix mois plus tard. Brahms se confiera à l'orgue à deux moments de son existence : d’abord pour écrire trois préludes et fugues ainsi que la fugue en la b mineur ; il n'a alors que 23 ans. Et à la fin de sa vie, de retour de l'enterrement de Clara, il écrit ses Onze Préludes de chorals. Finalement, lors de ces moments de grande détresse, l'éternel soutien restera toujours, pour lui, la musique de Bach.
L'envergure du premier des onze chorals, "Mein Jesu der du mich" est comparable à celle de certains grands chorals de Leipzig de Bach. Ainsi, la comparaison entre l'Orgelbüchlein et les dix autres chorals de Brahms est très cohérente pour de multiples raisons.
Alors qu'il a mené toute sa vie une brillante carrière de pianiste et de chef d'orchestre, c'est à l'orgue qu'il confie, au début et à la fin de sa vie, le principal point de repère de ses racines de musicien, ainsi que ses plus grandes joies et souffrances.