CD 1
En 1739, Bach fait éditer à ses frais sa Clavierübung III. Il s’agit d’une œuvre puissante, tant sur le plan musical que sur les plans théologique et symbolique ; il est bien possible que Bach ait imaginé cet ensemble, dont la substance spirituelle et musicale est si dense, pour la fête de la Trinité. Avec la présence continuelle du symbolisme du chiffre trois, leurs contrepoints et leurs harmonies extraordinairement abouties, le prélude et la triple fugue sont l'alpha et l'oméga de ce recueil de 27 pièces (3 puissance 3) et encadrent 21 chorals sur des textes de Luther.
CD 2
Variations canoniques sur "Vom Himmel hoch da komm ich Herr". Six chorals Schübler .
Bach publie les variations canoniques en 1747 qu'il présente à la société de Sciences Musicales Lorenz Mizler. Il en devient membre sous le n° 14 ! Chef-d'oeuvre au sens compagnonnique du terme, ces variations progressent, de la 1ère à la 5ème de façon de plus en plus dense et complexe, pour aboutir à cette ultime et incroyable variation : canon en miroir ( mouvement droit et mouvement contraire ) à la seconde, à la tierce, à la sixte, à la neuvième, puis en diminution. La cadence ultime est signée : si bémol, la, do, si naturel.
Aux antipodes des variations canoniques, Schübler propose à Bach en 1746 d'éditer une version organistique de 6 chorals pour voix et instruments, que le public avait apprécié lors de l'exécution de Cantates. Arabesques expressives et liberté mélodique jalonnent ces pages dont Bach a pu maintes fois vérifier le succès auprès des étudiants du Collegium Musicum. Etudiants dont les conditions d'existence ont toujours su éveillé sa sollicitude.
Restauré sans concession aucune au modernisme, l'orgue de Lahm étonnera par une composition très particulière. Deux 32' de pédale pour 29 jeux sur deux claviers et pédalier, Quinta Thöne de 16' et 8', viola di Gamba... qui donne à la musique une couleur étonnante. Cette authenticité sonore et musicale est appuyée par une interprétation très fouillée.
Le Monde de la Musique
Bernard Coudurier encore une fois renonce à briller pour ou par lui-même, transférant dans les moments les plus grandioses ( Prélude et Fugue, Wir glauben all' an einen Gott, etc... ) sa propre énergie aux textes de chorals. Les Schübler et les Variations canoniques sont de la même veine : volontaire, racée.
Diapason
Bernard Coudurier joue sur un instrument magnifique, aux timbres très caractérisés, le Herbst de Lahm-im-Itzgrund, et sa lecture est d'une musicalité confondante. La beauté et l'ampleur des phrasés, l'intelligence des césures, la clarté contrapunctique, tout respire ici dans un grand geste unificateur qui fait la principale qualité de cette version remarquable.
Guide de la Musique ancienne et baroque Ed. Robert Laffont