Bach et la France
"A Lünebourg, pendant ses années lycée (1700-1703), le jeune Bach rencontra Georg Böhm, fin connaisseur de la musique française, et travailla l'orgue avec lui...
Selon Carl-Philippe Emmanuel Bach, il "eut l'occasion, en écoutant souvent l'orchestre alors célèbre qu'entretenait le Duc de Celle et qui se composait presqu'uniquement de français, d'acquérir des connaisses solides dans le goût français qui était alors quelque chose de tout nouveau.
Plus tard, en 1713, Bach recopia intégralement le Livre d'orgue de Nicolas de Grigny, qui est signe parmi d'autres de sa connaissance des organistes français qu'il admirait : Grigny, Couperin, Marchand en particulier". (Extrait du texte du livret de Gilles Cantagrel).
A travers Lully, la musique française irradie dans toute l' Europe. Ainsi, une pléïade de Lullystes allemands rayonnent dans des cours prestigieuses : à un moment de leur vie, Georg Muffat, Kusser, Fischer ont été très
proches de Lully ou, du moins, de son influence directe.
Selon Mme Taskin, Bach et Couperin auraient échangé une correspondance... Mais celle-ci aurait servi à "fermer des pots de confiture". Rien n'est moins sûr. Mais en tous cas, Bach connaissait bien l'oeuvre de Couperin et celle d'autres français.
Bernard Coudurier a ici choisi de jouer deux magnifiques instruments : l'orgue historique de Grauhoff (Allemagne) et l'orgue Isnard de St Maximin.
Comme toujours, la lecture de Coudurier est d'une expressivité confondante, s'étayant de couleurs insoupçonnées, d'un phrasé ample et respiré. Le judicieux choix des césures, l'attention portée aux moindres frottements et dissonances, le suivi des lignes et le naturel de l'ornementation plongent immédiatement l'auditeur dans un autre univers.
Que ce soit dans des pièces comme "Das alte Jahr vergangen ist" (BWV 614) dont les douloureux accents s'expriment à demi-mot, pudiquement, ou bien dans la ferveur éclatante d'oeuvres comme l'Offrande musicale à six (BWV 1079) et la Passacaille (BWV 582),l'organistre dose et cisèle le son à merveille, poétise le discours, invite à partager tant d'émotion. En effet, il est difficile de ne pas se laisser toucher et convaincre par tant de recueillement, par tant de spiritualité.
Répertoire